Sorte de « comédie musicale occitane d’aujourd’hui », ce spectacle est la confrontation d’horizons différents qui se mêlent pour former, de manière presque magique, une pièce multiple qu’on ne saurait trop qualifier : danses traditionnelles chorégraphiées, danses improvisées, gestes dansés, moments proches du théâtre ou du mime, mots qui éclatent, rythmes obsédants, poésie visuelle… Le répertoire traditionnel d’Auvergne est largement mis à contribution dans cette création, bien loin de l’esprit folklorisant mais au contraire dans une démarche tout-à-fait actuelle qui laisse une large part à l’improvisation.
La mau maridada – La mal mariée, met en scène l’histoire mille fois racontée mais pourtant éternelle d’un amour contrarié… Ici, c’est la danse qui dit la rencontre, la séduction, la loi des familles, le mariage imposé, l’affrontement entre deux hommes ennemis… et le dénouement final.
Trois communautés errent dans les montagnes d’Auvergne, porteuses d’un drame familial qui les habite encore. Deux familles bien d’ici, et puis quatre nomades : 3 musiciens et un danseur…Il suffit que surgisse de nulle part la mau maridada – la mal mariée – pour que se réveillent les mémoires et que l’histoire se raconte à nouveau : « Quo fai cinc ans… C’était il y a cinq ans… »
Les valises emplies de bouts de vie se referment pour emprisonner le silence…Emerge le besoin de dire, encore et toujours. C’étaient deux familles, réunies le jour de la grande lessive estivale, la bujada… Hommes et femmes assemblés pour un jeu de séduction…laver les draps, être ensemble ou se regarder de loin, sécher les draps, rêver et désirer, aguicher, s’amuser… se moquer aussi, avec deux pantins de chiffons. Parfois, le jeu va trop loin, et ce sont les pères des deux familles qui ramènent l’ordre. Alors, c’est la grande danse des hommes et femmes réunis.
Mais, au cœur de cette fête communautaire, un intrus s’est glissé. C’est l’étranger. Il a séduit la fille, celle qu’on voulait marier… Vergonha ! Honte ! Ce n’est pas à lui qu’elle est destinée. Dans la précipitation, le mariage est arrangé. Les deux familles scelleront malgré tout leur alliance. C’est ce qui était décidé. Une bien étrange noce s’organise, entre un marié qui a vaincu sans combattre et une mariée qui ne sait se rebeller. La fête se déploie en une bourrée qui mêle les regards, les jeux, et l’alcool qui libère les corps… jusqu’à la provocation.
La mariée, bien mal mariée, s’est perdue dans la danse, entre ces deux hommes… Elle a tourné, tourné à en perdre la tête, à en perdre tous ses repères. Elle sera seule désormais. Entre l’époux légitime et l’homme aimé, l’affrontement semble inévitable. Mais elle ne les voit déjà plus, emportée dans sa transe désespérée. Elle n’en reviendra jamais. Alors on se résigne. L’histoire est écrite, à chacun désormais de la porter…
La compagnie Cantalàs au Puy en Velay, extrait du spectacle « La mau maridada – La mal mariée »